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Histoire du moulin de Chantecoq


par Jean-François Martre



Les journées européennes des moulins auront lieu les 17 et 18 mai 2025.

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Selon la Fédération des Moulins de France (FDMS), le moulin-tour de Chantecoq est le plus vieux moulin conservé des Hauts-de-Seine.
Situé au lieu-dit les hauts Chigneux, à la rupture du plateau entouré de vignes et de la pente escarpée couverte de bois plantés de conifères, actuellement au 157 avenue de la République à Puteaux.
Nous allons dans cette étude raconter son histoire, celle de ses propriétaires et des meuniers, sans évacuer certaines hypothèses ou légendes qui s'y rattachent.

Avant 1648

L'historique succinct proposé par la FDMS dit que « Henri IV, aurait installé à cet endroit son quartier général lors de sa conversion »
Nous n'avons pas de source sur cette information qui reste donc à confirmer.
L'épisode de la conversion a lieu le 25 juillet 1593 à Saint-Denis, elle suivait les conférences de Suresnes qui eurent lieu à partir du 29 avril. Est-il venu installer son quartier général au milieu des vignes le long de la route de Saint-Germain-en-Laye, sur ce grand terrain dominant Puteaux et en face le château de Madrid ? Y avait-il déjà un moulin ? nous n'en n'avons pas de trace.
Ce que l'on sait, c'est qu'Henri IV, comme ses prédécesseurs, emprunta couramment l'ancienne route historique (actuellement l'avenue de la République) pour revenir du château de Saint-Germain-en-Laye et qu'il longeait les Hauts Chigneux avant la descente abrupte qui conduisait à l'auberge de Chantecoq (aujourd'hui la Poste) puis au bac de Neuilly où il faillit se noyer le 9 juin 1606.
Nous ne savons pas non plus où les habitants de Puteaux s'approvisionnaient en farine à cette époque.

La famille Langlois, bourgeois parisiens, valet de chambre et mercier ordinaire du prince de Condé, demeurant à Paris rue de la Vieille Pelleterie, paroisse Saint-Jacques de la Boucherie, s'installe à Puteaux à la suite de donations reçues par Jean Langlois, en 1605 de la part de Jérôme Ryve, d'un fief consistant en droits de censives, lots, ventes, faisines et amendes sur des maison, terres, vignes, jardins et appartenances, le tout situé à Puteaux, puis en 1612 de terres et de vignes en friche de la part de Jean Monix.
En 1639, Jean Langlois fait dons de ses biens à ses fils Michel et Louis Langlois.

1648 Construction du moulin à vent de Chantecoq
Michel Langlois,
bourgeois de Paris, Contrôleur Ordinaire Provincial des Guerres sous le roi Louis XIV, obtient l'autorisation du conseil du Prince de Conti de faire bâtir un moulin à vent « ..au haut de Chantecoq sur un morceau de terre lui appartenant.à la charge et condition que nul ne pourra faire bâtir aucun moulin dans le terroir de Puteaux sinon en dédommageant le dit suppliant. ».

Armand de Bourbon, prince de Conti, né le 11 octobre 1629 à Paris et mort le 21 février 1666 à Pézenas, est le dernier des trois enfants d'Henri II de Bourbon, prince de Condé et de Charlotte Marguerite de Montmorency. Il est en outre le frère du Grand Condé.
Le 12 décembre 1641, il reçoit la commende de l'abbaye de Saint-Denis, dont Puteaux dépend ; c'est à ce titre qu'il autorise la construction d'un moulin car il en reçoit des revenus.



1676, Plan de la seigneurie de la ville de Suresnes et Puteaux son annexe (extraits).

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Sur ces deux plans de la même époque, on retrouve les lieux-dits Bas Chigneux au pied de la colline (actuellement rues Victor Hugo et Rouget-de-Lisle) et les Hauts-Chigneux sur le plateau. L'endroit où se trouve le moulin porte le nom de « La grande bourse, ou moulin de Chantecoq. La sente qui arrive directement de Puteaux aboutit directement au moulin. La maison, séparée est au bord de la route la Paris à Saint-Germain.

1677,

Avant de mourir, Michel Langlois fait don de sa charge à son fils ainé Nicolas.
Il y avait beaucoup de militaires à Puteaux à l'époque, les plus riches habitaient Paris et y avait une maison de campagne.

13 Janvier,

Michel Langlois, conseiller du Roi, contrôleur provincial ordinaire alternatif des régiments et compagnies de gens de guerre à pied françois et étrangers étant actuellement sur pied, ou qui le seront plus tard au département de Paris et ile de France demeurant à Paris, rue des Fossés Montmartre, paroisse Saint-Eustache, se trouvant actuellement à Puteaux près Paris : donation sous certaines conditions à Nicolas Langlois, demeurant à Paris, rue de la Verrerie, paroisse Saint-Jean en Greve de sa dite charge de contrôleur des guerres.
Archives nationales, cote : Y//231-Y//234



9 Mai - décès de Michel Langlois à Puteaux

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Archives Municipales Puteaux 1GG2
« Aujourd'hui, dimanche neuvième jour du mois de may mille six cent soixante-dix-sept, a été enterré dans l'église de ., le corps de messire Michel Langlois, conseiller du Roi, contrôleur provincial alternatif des régiments de guerre de Paris et d'Ile-de-France, bourgeois de Paris, décédé en sa maison de cette ville de Puteaux, âgé de Soixante et onze ans environ. Il a été inhumé en présence de Messire Louis Langlois, bourgeois de Paris, son frère, de Daniel son .., de Nicolas et de Michel Langlois religieux, chanoine régulier de Saint-Augustin.. Qui ont signés. »

Michel Langlois décède sans postérité. Il lègue par testament tous ses biens à son frère Louis, excepté l'usufruit du moulin laissé à sa veuve. Cette dernière a un fils de son premier mariage, Simon Lelettier, qui indirectement sera responsable de l'appropriation du moulin par les Dames de Saint-Cyr en 1740.


20 Décembre - décès de Louis Langlois à Puteaux

Louis Langlois meurt à son tour en décembre 1677.


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Archives Municipales Puteaux 1GG2

« du lundi vingtième jour de décembre 1677 a été inhumé en l'église de Notre Dame de Pitié de Puteaux le corps de Louis Langlois, bourgeois de Paris...décédé en sa maison de Puteaux le 19 du dit mois, âgé de soixante et quinze ans environ...

Les registres paroissiaux nous apprennent que les familles Langlois, bourgeois de Paris, habitent leurs maisons de Puteaux et se font enterrer au cimetière de l'église Notre Dame de Pitié qui à cette époque est situé devant la porte de l'église, sur la place entre les rues de l'église et Rabelais.
Ils avaient sans doute leurs noms sur des chaises de l'église comme Jean Baptiste Lully qui arrive à Puteaux peu après en 1675.
Nous ne savons pas s'ils habitaient au moulin ou une maison du village.


1679, 23 octobre

Son épouse et héritière Marguerite Mahieu fait une donation à leurs trois enfants. Ils n'entreront toutefois réellement en possession du moulin qu'en 1682, après le décès de leur mère :
« Marguerite Mahieu, veuve de Louis Langlois, bourgeois de Paris, y demeurant rue de Bourbon, paroisse S.-Sulpice, présentement au village de Puteaux : donation à Nicolas Langlois, demeurant à Paris, rue de la Verrerie, paroisse S.-Jean-en-Grève, à Marguerite Langlois, femme d'Antoine Héron, bourgeois de Paris, y demeurant susdite rue de Bourbon, et à Louis-Michel Langlois, ses enfants, de tous ses biens meubles et immeubles, à charge de logement et d'entretien. »
Archives nationales, cote : Y//237-Y//239-fol.181 V°


1687, description des lieux à l'occasion d'un bail

Les trois héritiers partagent alors la gestion de leur bien, et baillent le moulin. Le bail de 1687 donne une brève description des lieux : " .un moulin à vent basty de Pierre garny de ses tournants et travaillants scitué à la montagne du chant de Cocq paroisse de Puteaux faisant de bled farine avec la maison et bastimens qui en dépendent et deux arpens ou environ de terre labourable autour dudit moulin sur lesquels Il y a vingt arbres fruictiers appartenant audit Sr bailleurs. "1
Quelques années passent. Louis Michel, le plus jeune frère, soldat, décède. Nicolas, l'aîné ne pouvant plus faire face à l'héritage, laisse à leur sour, Margueritte Langlois, la propriété du moulin. Le sort s'acharne : elle décède 2 mois plus tard : nous sommes en juillet 1696.
Margueritte Langlois était l'épouse d'Antoine Héron. Elle laisse 2 enfants en bas âges. C'est la fin du règne de Louis XIV. Son mari va être continuellement parti servir les armées du Roi.

La Maison de Saint-Louis des Dames de Saint-Cyr
1690-1710 - Relevé de la censive de Puteaux


En 1686, Louis XIV fonde, à la demande de Madame de Maintenon, la Maison royale de Saint Louis école pour jeunes filles installée à Saint-Cyr. Parmi les privilèges associés, cette Maison royale collectait les revenus de l'abbaye de Saint-Denis, parmi lesquels une partie du cens de Puteaux.
Un relevé des propriétés est commandé qui va durer près de vingt ans, cherchant à authentifier les propriétaires de chaque parcelle et définissant le montant de leurs redevances.

Le neuvième plan de ce relevé est celui des Hauts Chigneux sur lequel se trouve notre moulin sur la parcelle n°40 au-dessus de la parcelle n°41 plantée en conifères.



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1709, 29 novembre, la parcelle n°40 contient le moulin à vent :
Nicolas Lallemand , marchand bourgeois de Paris, y demeurant, en lieu de Simon Lelettier, un terrain de 2 arpents soixante-trois perches et demie ou environ de terre et de vigne sur laquelle pièce est construite une tour sur laquelle est un moulin à vent et une petite maison, situé au territoire de Puteaux, lieudit les hauts de Chigneux, chargés de trois livres payables chaque an aux octaves de Saint Denis.



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1697, 10 juin, la parcelle n°41 :

Claude Gaule fils de Jean, vigneron à Puteaux, 15 perches de terre plantée en conifères située au lieu-dit le Moulin de Chantecoq, payables chaque an aux octaves de St Denis
Dans les descriptions de 1787 et 1709 on est bien sur une terre d'environ 2 arpents avec une petite maison et une tour de pierre sur laquelle se trouve un moulin à vent.
La parcelle est traversée par la sente du moulin à vent, qui grimpe à travers les vignes la colline depuis le village, traçant le futur boulevard Richard Wallace ; un coude devant le moulin la raccorde à la route des Paris à Saint Germain. Le sentier des Chigneux, parallèle à la ligne de crête, donne le tracé de la future rue Cartault.
La parcelle est occupée par Nicolas Lallemand en lieu et place de Simon Lelettier le fils de la veuve de Michel Langlois d'un premier mariage.


Les parcelles du bourg qui ont été occupées par la famille Langlois

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Parcelle n°42 - le cimetière
Parcelle n°43 - l'église
Parcelle n°47 - cette maison à porte charretière, cour et jardin d'une contenance de 49 perches, appartenait sans doute à la famille Langlois, dont Nicolas Lallemand est créancier à cause de Simon Lelettier.
Parcelle n°49 - une maison en deux corps de logis, cour et jardin appartenant à Antoine Heron, veuf de Marguerite Langlois, bourgeois de Paris.
Parcelle n°6 - c'est celle de la famille de Lully.
Le nouveau jardin de l'église est en grande partie sur les propriétés Langlois-Heron

1715 - Contestation de propriété entre Hyppolite Héron et Nicolas Lallemand

Quand Antoine Héron revient des guerres, en 1715, pour entrer aux Invalides, son fils Hyppolite découvre qu'il est, depuis le récent décès de sa sour, l'unique héritier du moulin de Chantecoq. Il découvre aussi très vite qu'un certain Nicolas Lallemand, marchand bourgeois de Paris et prétendu créancier de feu Simon Lelettier, lui en a usurpé la propriété. En juin, Hyppolite Héron engage une procédure contre Nicolas Lallemand. Ce dernier prétend que le moulin a appartenu à Simon Lelettier et qu'il faisait partie d'une saisie réelle faite de ses biens. Il n'en apportera jamais la preuve. Hyppolite Héron, pour sa part, apporte les titres de propriété et baux passés par ses aïeux ainsi que la preuve de sa filiation. Un an plus tard, en juin 1716, il gagne la procédure. Le moulin, dégradé, non entretenu, semble sauvé.
Trop tard, cependant. Nicolas Lallemand avait déclaré la propriété du moulin au terrier des Dames de Saint-Cyr en décembre 1709. L'histoire de cette usurpation, dès lors déjà en route, ne s'arrêtera pas. D'autant que ce pauvre Hyppolite Héron va jouer de malchance.



1731, Plan Roussel

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Sur le plan Roussel de 1731, il est indiqué que le moulin est en ruine.
L'entretien et les travaux du moulin et de la petite maison vont se renouveler tout au long du siècle.

1736, juillet - La vente du moulin à Charles Barbu et ses conséquences

Hyppolite Héron vend le moulin à un charpentier de Nanterre, Charles Barbu, moyennant la somme de 1000 livres. Somme qu'il ne touchera jamais.
Il forme une opposition contre Charles Barbu, fait saisir réellement le moulin et ses dépendances, récupère auprès du notaire ses titres de propriété. Rien n'y fait.
Entre temps, Nicolas Lallemand est décédé, lui aussi sans postérité.

Les Dames de Saint-Cyr ayant appris que Charles Barbu était propriétaire du moulin engagent une procédure pour la représentation des titres de propriété. Charles Barbu est, bien évidemment, dans l'impossibilité d'y satisfaire. La sentence du baillage de Rueil du 17 août 1740 ordonne que le moulin de Chantecoq et ses dépendances soient réunis au domaine de la Maison Royale de Saint-Louis à Saint-Cyr comme " bien vacant et abandonné ».
Hyppolite Héron tenta de faire valoir ses droits auprès de l'intendant de la Maison de Saint-Cyr. Il déposa même en 1758 ses titres de propriété, vainement. Il meurt, aux environs de 1762, sans que rien n'ait été examiné.
Malgré les jugements, Charles Barbu, quant à lui, prêt à toutes les escroqueries, continue tranquillement de bailler le moulin.
En mai 1742, il fait un bail à Raymond Picard devant le notaire de Charenton. Quelques mois passent et les Dames de Saint-Cyr, informées de ce bail, font signifier leur sentence au meunier avec défense de payer les loyers à d'autres qu'elles.
Sans doute Charles Barbu a-t-il réussi à convaincre son meunier du contraire. Ce n'est qu'en janvier 1748, que les Dames de Saint-Cyr commandent au meunier de payer 5 années et 2 mois de fermage à compter de la signification de leur sentence, soit 1705 livres. Raymond Picard engage alors, à son tour, une procédure contre Charles Barbu.

Les Dames de Saint-Cyr vont toutefois renouveler le bail du meunier. En 1751, il obtient même la prise en charge de travaux estimés à un montant de 700 livres, non seulement pour le moulin : " .toute la charpente du comble est entièrement hors de son assemblage, plusieurs pièces sont retenues avec des plates-bandes et harpons de fer et les principales pièces servant au travail sont en danger de manquer au moment imprévu ce qui porteroit un domage considérable tant à la tour que des malheurs que cela pouroit causer en tombant. " , mais aussi la couverture " comme son logement " de la petite écurie dans laquelle " il pleut depuis longtemps ".
Raymond Picard décède au moulin en 1755. Le bail n'expire qu'en 1757. La meunière, mère de cinq enfants, se remarie avec un jeune meunier. Elle décède un an plus tard. Le tuteur de ses enfants résilie le bail le 30 août 1756.

Les Dames de Saint-Cyr baillèrent le moulin à un nouveau meunier et découvrirent, à nouveau, d'importantes réparations à effectuer : " L'arbre tournant du moulin à vent de Chantecoq est forcé et cassé, les vollants aussy cassés, et autres pièces sujettes à la prisé. Le nouveau meunier a demandé une visite afin de remettre toute chose en état avant de procédé à cette prisé, et l'on a reconnu que l'inaplication du dernier meunier a causé par sa négligeance et son inconduite, la majeure partie de ces réparations, en ne conduisant pas le travail du Moulin suivant la variation du vent ". Estimation totale des travaux : 1310 livres.

Les meuniers

1741-1765 - Rôle de taille de Puteaux AN-Z1G/.

Dans ses archives sur les meuniers, François Texier (SHALP) a retrouvé ce rôle des tailles qui est de l'ordre de 20 livres par an. Les meuniers sont les suivants.
1741 - Paul Drussant
1745 à 1753 - Rémond Picard
1757 - J-B Villebert
1765 - J-B Bauvoisin, il est meunier et cabaretier

1786 - Bail du Moulin à Nicolas Monvoisin, meunier

Les Dames de Saint-Cyr donne le moulin à bail pour un délai de neuf ans à Nicolas Monvoisin, meunier.

1789 - Que se passe-t-il au moulin pendant la Révolution

C'est la révolution. Le 17 décembre, l'Assemblée nationale saisit les biens du clergé pour garantir les dettes de l'État. Le 14 mai 1790, décision est prise de vendre les biens nationaux.
C'est ainsi qu'en 1791, les propriétés de la Maison de Saint-Cyr sont vendues. La municipalité de Puteaux se porte acquéreur. Le moulin lui est aliéné pour la somme de 6000 livres.

L'indexation des registres de l'état civil nous permet de connaître les noms d'un certain nombre de meuniers qui vont habiter au moulin.

1790, 22 avril - Jacques Cartier, meunier
Mariage de Jacques Cartier, meunier de Puteaux, originaire d'Argenteuil avec Marguerite Charlotte La Croix, veuve de Nicolas Monvoisin.

1793, 16 juillet -
Mariage de Jacques Cartier, 36 ans, veuf de Marguerite Lacroix, meunier du moulin de Chantecoq avec Marie Jeanne Victoire Decousue.
1793, 29 thermidor An II
Naissance de Marie Joséphine Cartier

1794, la légende
Au cours de cette période troublée, le moulin aurait été selon la légende, en août 1794, le lieu d'un drame. Ainsi, la meunière de l'époque, Jacqueline Barzan, adepte des idées révolutionnaires de Robespierre, aurait été retrouvée ligotée et pendue à une des ailes, par des partisans d'un retour à une monarchie constitutionnelle.

Nous n'avons retrouvé aucune trace d'une Jacqueline Barzan dans les registres de l'état civil et ne sommes pas en mesure de lever le doute sur cette légende.

1798, 15 messidor An VI, Jean Simon Déglise, meunier
Décès de Jean Simon Déglise, âgé de deux jours, fils de Jean Simon Déglise, meunier et de Marie Marguerite Mollet, domicilié moulin de Chantecoq.

1799, 16 brumaire, An VII, Jean Baptiste Bachelier, meunier
Décès de Jean Baptiste, trois ans, son fils et de sa femme Marie Anne Honorine Crapote (PUT220)

1809 - 1810, enquête sur les moulins de la région parisienne, Caffin, meunier

Cette enquête sur la production des moulins à blé donne une capacité de 2 sacs de farine par jour en décembre 1809 et de 3 sacs par jour en décembre 1910.
Il semble que la famille Cartier qui s'occupait du moulin dans les années 1790-1793, travaille depuis 1800 sur les moulins du Calvaire (Pierre Jacques) et de Goulevents (Veuve Cartier) à Nanterre.
(AN-F20/296-177, documents de travail de François Texier, SHALP)


1812 - Cadastre de 1812

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Cent ans après, Il est remarquable de constater que la parcelle n° 1791 du moulin est la même que la parcelle n°40 de 1710.
Le bâtiment n° 1798 semble nouveau.
Le moulin est exploité jusqu'en 1820.
Il aura fourni la farine des putéoliens pendant 170 ans et le chemin qui y conduisait méritait son nom de chemin du moulin à vent.


La Famille Lorilleux 1823-1980

1823 - Pierre Lorilleux

Après deux ans d'abandon et de pillage, le moulin est loué dès 1823 à Pierre Lorilleux. Il a fondé la maison Lorilleux à Paris en 1818, et il installe à Puteaux, après y avoir été autorisé par une ordonnance royale du 5 mai 1824, une fabrique d'encres d'imprimerie. Devenu par la suite propriétaire du bâtiment et de ses dépendances, il en fait le point de départ de ses usines de Puteaux et Nanterre, et l'emblème de sa société à travers le monde. (AMP),

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     Cadastre 1835              Cadastre de 1855

L'implantation progressive des différents bâtiments englobe la tour du moulin, mais sauvegarde la maison qui donne sur un parc. De nombreuses acquisition de terrains permettent l'implantation des ateliers, mais aussi des bâtiments d'habitation, des bureaux, des laboratoires, des écuries et des entrepots.

1865 - Charles Lorilleux

Pierre Lorilleux décède en 1865, Charles Lorilleux lui succède. Très actif, il sera membre du conseil municipal et maire de Puteaux quelques mois en 1872. Il meurt en 1893. Son fils René jusqu'en 1904 puis Pierre, le fils de ce dernier assurerons la Direction puis la Présidence jusqu'en 1971. En 1973, la famille se retire du groupe. En 1980 l'usine est fermée et les bâtiments presqu'entièrement détruits entre 1982 et 1983.
On aperçoit sur cet extrait d'une photo aérienne des années 1930 la tour du moulin, entourée de bâtiments administratifs, et la maison donnant sur le parc. Cadastre 1931.


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Transformé en musée de l'Imprimerie pendant une partie du XIXème siècle, le moulin est donné à la ville de Puteaux en 1979 par la société Lorilleux.

La Ville de Puteaux

1983, le moulin retrouve ses ailes
1990, le moulin restauré devient une annexe du Conservatoire installé depuis 1974 sur le site.
1993 Photo extraite du dossier d'inventaire topographique établi en 1993 par Catherine Boulmer
1999 Une aile est brisée lors de la tempête de 1999, vite réparée par la Ville.


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Dossier Boulmer                      Puteaux Infos n° 115                                            

2010, depuis le déménagement du Conservatoire, il sert de résidence d'artistes.

Classement

1941 - La Commission des sites et monuments naturels de la Seine s'est réunie le 20 novembre 1941 sous la présidence de M Charles Magny, préfet de la Seine.
Elle a adopté la proposition de classement d'une partie du beau domaine attenant, sur la commune de Puteaux, rue Cartault et rue de la République, au moulin dit « de Chante-coq », vestige historique intéressant de la région parisienne. ( L'Architecture française : architecture, urbanisme, décoration. 1940 p 55 - Gallica)
1955 - mai, le parc du Moulin est classé par suite de la mobilisation de la Société Historique Artistique et Littéraire de Puteaux (SHALP).

La Symbolique

Ce moulin va devenir un symbole fort de l'image de marque de la maison Lorilleux.

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Médaille du centenaire de la maison Lorilleux
Relire l'article sur l'assiette Lorilleux
"http://www.shalp-puteaux.org/histoire/pages/etudes/etude038.html "

Le moulin de Chantecoq est avec l'église Notre Dame de Pitié l'un des seuls monuments anciens de la Ville, et en même temps, ils sont probablement les derniers bâtiments de leur type dans les Hauts-de-Seine.
Il fait partie de l'imagerie symbolique de la Ville.

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PuteauxInfos n°140

Iconographie

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Aquarelle signée Barday - Georges Dayez (1907-1991)
Moulin de Chantecoq, fin du XIXe, AMP, 2Fi514
Cette aquarelle peut-être datée aux environs de 1980 entre la destruction des bâtiments d'usine et la pose des ailes.

Quelques Moulins à vents des Hauts-de-Seine

Boulogne, moulin de Longchamp ou de Rouvray,
Clamart, Moulin de Clamart
Clichy, moulins Sans Pareil, Batignoles
Colombes, moulins Barbut et( des Bruyères), Joly (à eau)
Courbevoie, Moulins des Bruyères,( Le Rajoux, Brières ?)
Genevilliers, moulin de Cage, de la Tour,
Issy-les-Moulineaux, Moulin de la Tour d'Issy, dit de la Vierge
Montrouge, il y avait de nombreux moulins : de l'Alouette, de Beurre, de la Vierge, des Trois Cornets, de la Tour de Vanves, des Frères de la Charité, Sans-Soucy, des Charbonniers, ..
Nanterre, Moulins des Gibets, Le Calvaire, Goulevents, Quignons
Neuilly, Moulin de Guidaud,
Suresnes, moulin de Fouilleuse

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Carte

Sources

- Fédération des Moulins de France - (FDMF)
Le Moulin de Chantecoq
- Association des Amis des Moulins d'Ile-de-France
Le Moulin de Puteaux dit Moulin de Chantecoq par Catherine Lefevre
- Les registres notariaux des Archives Nationales (AN)
Cotes : Y//139-Y//146, Y//147-Y//155-fol.146 V°, Y//178-Y//180, MC/ET/XXIX/184, Y//231-Y//234
- Enquête sur les moulins de la Région Parisienne entre 1800 et 1810 - AN-F20/296
- Archives Municipales de Puteaux (AMP)
Lieux et bâtiments remarquables : Le Moulin de Chantecoq, 10 juin 2021
Registres paroissiaux
- Archives Départementales des Hauts-de-Seine (AM92) : registres civils indexés
- Archives Départementales des Yvelines (AD78) : - D 467 et D851 :
Gestion et propriétés de la Communauté des Dames de la Maison de Saint-Cyr
- Inventaire général du patrimoine culturel d'Ile-de-France.
Dossier Catherine Boulmer - Réf. Mérimée IA00118720
- Puteaux Infos n° 115, 140,


J-F.M 03/2025