
Daniel Jean-Yves LESUR
(Paris-1908- Puteaux 2002)
par Jean ROUSSAUX
Daniel LESUR est un compositeur éclectique et talentueux qui a composé une partie de son œuvre à Puteaux.
Lesur est le fils d'une compositrice appréciée dans les années vingt : Alice Lesur. Dès ses 6 ans, en 1914, le jeune Daniel écrit
quelques petites pièces pour piano. Sa vocation est trouvée : il entrera au Conservatoire. Là, il a pour condisciple Olivier Messiaen
avec lequel il restera ami. Ses maîtres sont Jean Gallon pour l'Harmonie et Georges Caussade pour la Fugue. Mais c'est surtout
Charles Tournemire, un héritier des anciens maîtres de l'orgue, qui sera son principal formateur. Daniel Lesur a donc eu une
formation d'organiste : à 19 ans il sera suppléant aux orgues de la Basilique Sainte-Clotilde (Paris 7èmè) puis entre 1935 et 1942,
organiste de L'Abbaye Bénédictine de Paris.
En dehors de son activité de compositeur, il a professé à la
Schola Cantorum, un établissement privé d'enseignement musical
occupant un ancien couvent des Bénédictines, rue Saint-Jacques. Il en deviendra le directeur de 1957 à 1961. Mais il a aussi assumé
de nombreuses autres responsabilités : après la seconde guerre mondiale, il sera conseillé musical à la Radiodiffusion Française puis
à France Télévision de 1961 à 1968, inspecteur pour la musique au ministère des Affaires Culturelles (1973), administrateur de la
Réunion des Théâtres Nationaux, de l'ORTF (1972-74), de l'orchestre de Paris (1980-83) et du Conservatoire (1981-84). Il devient
membre de l'académie des Beaux-Arts en 1982. Il est Grand Officier de la Légion d'Honneur, Commandeur de l'Ordre National du Mérite.
En 1934, Daniel Lesur avait participé à la formation d'une société de musique de chambre baptisée "Spirale" avec Georges Migot, André
Jolivet et Olivier Messiaen. Deux ans plus tard, Messiaen, Jolivet et Lesur s'unissaient avec Yves Baudrier, pour créer "jeune France"
, un groupe peut-être plus cohérent que ne l'avait été l'Ecole d'Arcueil et le Groupe des Six. Il manifestait pour un
« Nouvel
humanisme musical » , réprouvant autant le néo classicisme ou la frivolité des adeptes de Cocteau que l'abstraction excessive de
Schönberg. Pour le musicien sensualiste qu'était Daniel Lesur,
« l'abstraction sonore était à la fois une offense contre
l'oreille et l'esprit. Aux conjectures d'ordre cérébral il opposait une évidence d'ordre sensible mais avant tout il prônait la
liberté d'esprit et la liberté de création » (Jean Roy, critique musical).
L'œuvre musicale de Lesur est importante : 3 opéras
(Andrea del Sarto , d'après un drame de Musset, 1969 ;
Ondine , d'après Jean Giraudoux 1982 et
La Reine morte d'après Montherlant), un ballet, des œuvre s de concert
(La Passacaille pour piano et orchestre, la Fantaisie concertante pour violoncelle et orchestre que créa Rostropovitch et des suites comme
la
Suite de danses ou la Suite Française... ), des ouvres vocales
(5 chansons cambodgiennes, le langage des fleurs, le Cantique
des Cantiques du roi Salomon, Le Cantique des Colonnes sur un texte de Paul Valéry,
La messe du jubilé dont le
Credo
est un bel exemple de "choral varié").
Le musicien s'établit à Puteaux, par hasard semble-t-il. C'est sur la colline, de 1982 à 2002, au 101 de la rue Carnot, qu'il compose
une partie de son œuvre :
La Reine morte, le Dialogue de la nuit, Encore un instant de bonheur, Le voyage d'automne ,
un cycle de mélodies. Puteaux a rendu hommage à Lesur lors de son décès et la chorale
Les Saisons , qui se produit souvent
au Conservatoire Lully, a enregistré certaines de ses chansons.
Il décède en 2002 et est inhumé au cimetière de Passy. Son épouse s'éteindra à l'âge de 106 ans.
Daniel Lesur a laissé l'image d'un compositeur éclectique, parfait dans la musique de chambre, dans la musique liturgique et dans l'écriture
vocale. Pour certains, il représenterait
« un compositeur estimable se situant dans une "bonne moyenne", ». La musique de Daniel Lesur
est restée très attachée à la tradition musicale française « j'ai
toujours pensé modalement. Par la suite, j'ai été sensible à la
polymodalité mais je suis resté plus attaché à une tradition française » écrit-il.
Puteaux pourrait se souvenir de ce compositeur dont
« l'œuvre intemporelle est d'une grande sincérité, carrefour entre tradition et
modernité » et qui fut un de ses illustres habitants.
J.R 03/2025