étude


PUTEAUX 1870 - 1871, LE SIEGE, LA COMMUNE

  " Benoit Malon "


Par Anne Chabot




Etude030 - 1


Après Roque de FILLOL, une autre figure de la Commune de Paris est liée à la ville de Puteaux : il s'agit de Benoît MALON.
Benoît MALON est né à Précieux dans la Loire en 1841. Ses parents sont journaliers agricoles, métier dur et peu rétribué. Un journalier est une personne qui est employée et rétribuée à la journée.

Benoît jeune va voir mourir son père et deux de ses frères. Il commence à travailler, dès l'âge de sept ans. Il sera laboureur et garde les dindons et les moutons. Il a néanmoins fréquenté l'école quelques mois et il est précisé qu'il était le meilleur « apprenant » de l'école. Placé chez un fermier dans l'Ain, il tient les comptes de celui-ci.
En 1863, il est à l'âge du service militaire. A cette époque, les jeunes étaient tirés au sort et ceux qui avaient hérité d'un un bon numéro ne faisaient pas de service. C'est ce qui arrive à Benoît.

C'est alors qu'il part à pied pour Paris et trouve un emploi dans une usine de teinturerie de Puteaux. A cette époque, les ouvriers sont peu payés et Benoît sera un des fondateurs de l'Internationale ouvrière qui se réunit à Paris. Chaque semaine, il se rendra à pied aux réunions de cette Association qui se tiennent à Paris. La nuit, il continue sa formation intellectuelle et politique par des lectures.

En 1866, les ouvriers de la teinturerie se mettent en grève pour obtenir une augmentation de 5 centimes. Benoît est à la tête de la grève qui échoue, mais un appel est lancé pour la création d'une société d'épargne, de crédit et de solidarité des ouvriers des fabriques de Puteaux, Suresnes et des environs. Dès le 23 septembre, se tient l'Assemblée Générale de l'Association dont Benoît MALON est élu président. L'association qui se transformera en société de coopération de Puteaux, Suresnes, Clichy et Courbevoie ouvre, dans ces villes des boutiques, qui permettent aux ouvriers de trouver des produits alimentaires pour un prix raisonnable.



Etude030 - 2


Il est également l'un des fondateurs, dans la Seine, de la deuxième section de l'Internationale des travailleurs qui, régulièrement soutient les grèves. En 1868, condamné à trois mois de prison à Sainte Pélagie pendant lesquels, il continue à s'instruire.

Quand il sort de prison, il continue à s'intéresser aux travailleurs de Puteaux et se rend au Congrès de l'Internationale ouvrière de Bâle. En février 1870, il soutient une grève très dure au Creusot. Il sera de nouveau condamné à la prison pour un an. Il retrouve la liberté après le 4 septembre et le début de la troisième République. Il est élu adjoint au Maire du XVII° arrondissement et représentant de la Seine à l'Assemblée Nationale. Mais il est opposé aux préliminaires de paix et donne sa démission de représentant de la Nation. Il reprend alors ses fonctions municipales aux Batignolles.

Après le 18 mars, il est élu membre de la Commune de Paris représentant le XVII° arrondissement. Il vote pour la validation des élections complémentaires à la majorité absolue des voix et signe une déclaration d'abstention politique. Il s'enfuit à Genève. Il publie en cette ville la « Troisième défaite du prolétariat français » : les défaites sont celles de la Révolution française, de l'insurrection de 1838, et des événements de 1848. MALON dut ensuite quitter Genève et s'installer à Neuchâtel où il rejoint sa femme Andrée Léo. Il gagne ensuite l'Italie, mais la Police italienne l'arrête en 1876 et le conduit à la frontière suisse. Il se fixe à Lugano.

Lorsqu'il peut rentrer en France, il crée la « Revue socialiste » dans laquelle il écrit des articles jusqu'à sa mort. Il publie plusieurs ouvrages : « le Parti Ouvrier », « Histoire du Socialisme et des Prolétaires » et surtout le « Socialisme Intégral » qui est son ouvrage principal.

En 1887, Benoît MALON est atteint d'un cancer de la gorge. Il part pour le midi à Cannes, mais retourne en région parisienne où il travaille probablement un peu trop : il continue, en effet à écrire pour la Revue socialiste et commence la rédaction du « Socialisme intégral ». Malheureusement, la maladie va se développer. Il retourne à Cannes mais en février 1893, un odème laryngé impose une trachéotomie. Il revient à Paris au mois de mai et il meurt à Asnières le 13 septembre 1893.

La cérémonie funèbre a lieu le 17 septembre. Le cortège se déroule au milieu d'une foule nombreuse jusqu'au Cimetière du Père LACHAISE où il sera incinéré. Le frère de Benoît, Jean MALON et en tête, du cortège, suivi de nombreuses associations : des représentants du socialisme, les teinturiers de Puteaux, la Loge maçonnique le « Lien du Peuple » dont faisait partie Benoît MALON, de la société coopérative «la Revendication de Puteaux » et de personnalités importantes comme : les délégués officiels du Grand Orient de France, Marcel SEMBAT, Jules GUESDE. Des drapeaux rouges sont déployés.

Puteaux donnera le nom de Benoît MALON à la rue Poireau en 1912 et une école maternelle et une école de garçons bâties dans les années 20 porteront ce nom.



A.C - 06-2021