étude


LES CIMETIÈRES DE PUTEAUX

les fouilles sur le site de la Vieille Église de Puteaux


Par Jean-François Martre


Les travaux d'assainissement de la Vieille Église, qui venaient de reprendre en janvier 2021, ont été interrompus à la suite de la mise à jour dans l'assise de l'ancien clocher de plusieurs squelettes et de quelques fragments de poteries funéraires entrainant l'intervention d'une équipe du Centre archéologique de l'Inrap (Institut National de Recherches Archéologiques Préventives).
Les premières observations permettent de penser que ces squelettes et fragments de poterie pourraient être datés de la deuxième moitié du XVIe siècle.
Cela confirmerait la présence du premier cimetière de Puteaux qui devait s'étendre sur l'actuelle place jusqu'à la moitié la plus ancienne de l'église actuelle.


Cimetiere 01.jpg  JFM le 4/02/2021

Le déblaiement de l'assise de l'ancien clocher montre que le soubassement, réalisé dans les années 1640, a été creusé dans un sol humide et peu stable. La profondeur reste faible, environ un mètre, mais l'épaisseur des murs, comme on le voit sur la photo est énorme.
Cela n'a sans doute pas suffit à stabiliser le clocher qui a eu au bout d'un certain temps tendance à s'écarter de l'édifice de l'église ce qui explique la présence de la petite fenêtre sur le toit par laquelle passaient des tirants, que l'on voit sur les cartes postales.

On se rappellera qu'à cette époque, les registres paroissiaux s'appelaient registres des baptêmes, mariages et sépultures (BMS).
Le premier registre des BMS de Puteaux disponible sur le site des archives municipales couvre la période 1638-1673. C'est au moment de l'agrandissement de l'Église et de la construction du clocher.

Donner une sépulture était une mission de l'Église catholique qui avait la maitrise des cimetières, qui étaient paroissiaux. Les mécréants, hérétiques .. Ne pouvaient pas être enterrés « en terre chrétienne ».
L'Église de Puteaux donna aux protestants un terrain pour leurs sépultures.
Le cimetière était une terre bénite par l'évêque ou son représentant. Son emplacement devait être entouré par un mur ou une haie d'épines, empêchant les animaux d'y pénétrer et de déterrer les morts. On ne pouvait y tenir marché, ni lieu de plaisir, ni y jouer à la paume ou au palet.
Tous les endroits du cimetière n'étaient pas équivalents pour une inhumation, et la fosse commune était le lieu le moins considéré. On inhumait aussi dans le sol de l'Église. A cette époque, on y enterrait des prêtres et membres des confréries, des gentilhommes, de généreux donateurs.

Le premier registre BMS de Puteaux cite un certain nombre d'inhumations qui ont eu lieu dans l'église elle-même ; en voici une liste relevée par Anne Chabot :

- Le 5 juillet 1638, Élisabeth LECOMTE veuve en secondes noces de François MAURICE gentilhomme ordinaire de Monsieur, frère du Roy.
- 10 septembre même année Guillaume PILLET, prêtre vicaire de ce lieu devant le grand autel de ladite église.
- 17 mars 1641 Guillaume JEAN maître d'Hôtel de Monsieur de GRANDCAMP ( en 1639, Simon de RICARD; écuyer et archer des gardiens du corps du Roy a été enterré dans la chapelle de ce monsieur de GRANDCAMP) l'église de Puteaux
- 8 décembre 1641 Messire de BRIE neveu de Messire François De BRIE enterré devant le crucifix de cette église.
- Le 16 juillet 1656, Jean Pierre, fils d'un avocat au Conseil d'État et de Marguerite DUVAL
- Le 2 janvier 1660 Marie Catherine fille de Jacques Lac... et de Catherine DROUARD âgée d'1 mois et le 17 janvier Julienne MARTIN fille de Simon MARTIN et de Françoise Perrault âgée d'environ 21 ans
- Le 21 décembre Louis LECOQ
- Le 3 novembre 1661 Nicole De Lien femme d'Isaac MARTIN de la confrérie du Saint Sacrement

Le dernier enterré dans l'église est Jehan BIDART est maître serrurier.
En juillet 1650, la première allusion au cimetière de Puteaux c'est un jeune garçon de 11 à 12 ans trouvé dans la rivière.

Trop petits, les cimetières urbains mitoyens des églises furent entourés de murs et de charniers au dix-huitième siècle. A la suite des éboulements qui eurent lieu au cimetière des Saints-Innocents à Paris, il fut décidé de créer des cimetières hors la ville et de ne plus inhumer dans le cimetière accolé à l'église et de ne plus inhumer dans l'église elle-même (loi du 10 mars 1776).

Il faut attendre Napoléon et le décret du Palais de Saint-Cloud du 23 prairial an 12 (12 juin 1804) pour avoir les lois et règles relatives aux lieus d'inhumation tels que nous les connaissons.

J.F.M. - 04-2021